Quelques secrets de médecine traditionnelle chinoise pour se refaire une santé de fer

Zoey Gong, nutritionniste de médecine chinoise traditionnelle twiste juste ce qu’il faut de cette science millénaire pour la rendre sexy, simple et surtout délicieuse. Après avoir fait des pop up de bouffe médicinale à New York, elle a lancé Five Seasons, sa marque d’ingrédients magiques. Ses vidéos fun sur les réseaux sociaux donnant vraiment envie de s’y mettre, on lui a demandé comment amener le bien-être jusque dans son assiette…
MINT

Comment êtes-vous venue à la médecine chinoise ?

ZOEY

J’avais 16 ans quand je suis arrivée GONG aux Etats-Unis de Shanghai. J’étais en pension avec une cantine vraiment américaine, genre bagels-cream cheese, des trucs que je n’avais jamais mangé de ma vie et que je trouvais délicieux. Évidemment, après quelques mois de ce régime, j’ai pris pas mal de poids et, petit à petit, j’ai commencé à avoir des problèmes de peau avec d’énormes plaques partout, puis des douleurs aux articulations, de l’acné, des problèmes hormonaux, et enfin une tumeur au sein droit. Je suis devenue beaucoup plus consciente de ma santé et j’ai commencé à chercher des solutions pour aller mieux. J’ai essayé un régime sans produits laitiers et, en deux-trois semaines, mes plaques avaient disparu. C’est la première fois que j’ai réalisé à quel point la nourriture pouvait être puissante. J’ai décidé d’étudier la nutrition à l’Université de New York et commencé à manger healthy : brocolis, légumes à la vapeur, blancs de poulet… C’était très chiant, mais ça a marché dans le sens où j’ai perdu du poids et je me sentais mieux. Mais, malgré ça, la tumeur au sein est revenue. C’était la pire période de ma vie ; je travaillais à l’hôpital, on nourrissait les patients avec des hamburgers parce que ça rentrait dans les apports caloriques quotidiens, une absurdité clinique. Cet été-là, je suis rentrée en Chine pour exercer dans un hôpital chinois : le département nutrition nourrissait beaucoup mieux les patients avec des porridges, des congee (porridge de riz salé chinois), des soupes de potiron… C’est là que j’ai eu un déclic. J’ai regardé de plus près la nutrition et le bien-être en Chine. Et pour mieux comprendre, il fallait que je connaisse la médecine chinoise. Comme j’avais aussi envie de m’améliorer sur le plan culinaire, je me suis d’abord intéressée à des vieux livres de cuisine chinoise : j’y ai découvert plein d’ingrédients dont je n’avais jamais entendu parler, mais aussi énormément de références à la saisonnalité et aux émotions. C’était impressionnant de voir ça dans des livres de cuisine datant de centaines d’années, j’ai trouvé la démarche hyper moderne pour l’époque.

MINT

Qu’est-ce que la food therapy issue de la médecine chinoise ?

ZOEY

Vous connaissez le principe du qi, n’est- ce pas ? C’est l’énergie qui circule dans le corps, mais la nourriture a aussi un qi ! Il y a de grands principes dans la food therapy chinoise : déjà c’est personnalisé, toutes les formules ne conviennent pas à tout le monde, il faut d’abord comprendre comment réagit son corps. Ensuite, la nourriture peut aider à soigner ou prévenir les problèmes de santé. Et puis, il faut manger selon son climat et sa position géogra- phique, c’est donc une cuisine locale additionnée de ce qu’on appelle les « herbes universelles ». Enfin, il faut manger pour se faire plaisir. C’est très important parce qu’en MCT (Médecine Chinoise Traditionnelle), le corps et l’esprit ne font qu’un. La particularité de la médecine chinoise, c’est que c’est un système ancien qui combine plus de 2000 herbes, où tout a été noté et testé sur des milliers d’années. La food therapy de la cuisine chinoise a beaucoup de similarités avec la nutrition contemporaine et ce n’est pas un système rigide — tout le monde peut l’utiliser.

MINT

Comment on fait du coup ?

ZOEY

Déjà, il n’est pas obligatoire d’utiliser les herbes chinoises, il s’agit surtout de connaître un peu sa constitution. On com- mence souvent par observer la langue. Si elle est plutôt rouge, craquelée, ça veut dire que vous êtes plutôt de type chaud. Si elle est au contraire pâle avec des marques de dents sur les côtés, vous êtes probablement de type froid. Mais le diagnostic le plus fiable viendra quand même d’un praticien…

Plutôt que de donner des recommandations, je préfère donner une formule simple, celle du 20 / 4 / 5 : chaque semaine, il faut manger 20 types de légumes, 4 fruits et 5 céréales différentes.

Zoey Gong, nutritionniste
MINT

Vos recettes sont-elles adaptées à tous les types ?

ZOEY

Z G En général, j’essaye de faire des recettes de type neutre, pour tout le monde. En fait, nous pouvons manger des choses assez similaires, c’est avec certains ingrédients que nous nous différencions. Imaginons que vous soyez de type chaud et moi de type froid ; la base de notre alimentation sera assez semblable mais en plus, je mangerais plus épicé car c’est naturellement chaud, alors que vous, ce sera plutôt du thé vert pour rafraîchir votre corps. C’est ça l’idée. Il faut acheter les fruits et légumes avec les bonnes énergies : froid, rafraîchissant, neutre, tiède et chaud. Attention, ce ne sont pas des températures, c’est l’effet qu’elles produisent sur notre corps. Par exemple, la pastèque est un fruit froid parce que rafraî- chissant. Si vous mangez un curry épicé, c’est chaud : vous sentez votre corps se réchauffer en le dégustant. Cependant, si vous mangez du gingembre glacé, vous sentirez quand même une sensation de chaud. Et certains aliments vont vers certains méridiens, donc vous pouvez ajus- ter votre alimentation en fonction : pour le foie, il faut du céleri, de la tisane de pissenlit, alors que pour la digestion, il faudra des patates douces, du millet, etc.

MINT

Au quotidien, on fait comment ?

ZOEY

Plutôt que de donner des recommandations, je préfère donner une formule simple, celle du 20 / 4 / 5 : chaque semaine, il faut manger 20 types de légumes, 4 fruits et 5 céréales différentes. Et c’est important de mélanger les céréales : l’idée c’est d’avoir une légumineuse, du riz et des graines ensemble, en même temps. J’encourage aussi tout le monde à se préparer un bone broth (du bouillon d’os) une fois par semaine. C’est la façon la plus simple d’incorporer des herbes médicinales. Faites-en une grande quantité à garder au frigo : vous pouvez cuisiner avec ou le boire tel quel, c’est simple et très nutritif.

Je trouve un peu irritant que certaines marques ou pratiques occidentales ne respectent pas nécessairement cette culture et oublient parfois carrément de la mentionner, sans parler de celles qui sous-entendent que les produits chinois ne sont pas bons !

Zoey Gong, nutritionniste
MINT

Et si on a accès à un supermarché asiatique ou un herboriste de médecine chinoise, que faut-il acheter pour débuter ?

ZOEY

Je dirais des jujubes, des baies de goji, de l’astragale, de la racine d’angélique, mais aussi des larmes-de-Job (une graine avec un goût de farro), un assortiment de champignons séchés comme des champignons noirs et des trémelles, des graines de lotus qui sont délicieuses, faciles à utiliser et aident au bon fonctionnement des reins, et du Dang Shen (du codonopsis), une sorte de ginseng plus doux qui tonifie le sang et le qi, très bon dans un bouillon.

MINT

Est-ce qu’il y a des ingrédients interdits ?

ZOEY

Il n’y aucune restriction, même l’alcool ; c’est juste une question d’équilibre. Rien n’est interdit et c’est ça qui est cool.

MINT

Que pensez-vous de l’appropriation récente de ces traditions médicinales orientales par des business occidentaux ?

ZOEY

J’ai ma petite opinion là-dessus évidemment… Honnêtement, je trouve ça un peu irritant parce que la plupart de ces marques ou de ces pratiques ne respectent pas nécessairement la culture chinoise, oublient parfois carrément de la mentionner, sans parler de celles qui sous-entendent que les produits chinois ne sont pas bons ! Elles ne connaissent pas l’histoire derrière : elles en effleurent seulement la surface pour faire du profit dessus. Je trouve ça vrai- ment nul.

www.zoeyxinyigong.com, — Instagram: @zoeyxinyigong

www.fiveseasonstcm.com — Instagram: @fiveseasonstcm 

Article extrait de Mint 23 disponible partout en France.

Journaliste
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Tania Bruna-Rosso
Journaliste touche à tout, elle passée par la radio (Nova), la télé (Le Grand Journal de Canal +), la presse écrite (Les Inrocks, Grazia...) et le web (Stay Hungry). Et sinon, elle cuisine.

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