Qui es-tu, Will Matsuda ?
J’ai grandi à Portland en Oregon et je vis désormais à New York. Bien que je sois photographe pour le magazine Aperture, j’ai étudié la géographie dans une petite école d’arts du Minnesota. J’ai eu la chance de faire un stage avec l’un de mes photographes préférés, Alec Soth et depuis je suis passionné de l’image.
Pourquoi as-tu choisi Kyoto ?
C’est ma ville préférée au monde. Mes parents se sont rencontrés là-bas alors qu’ils étudiaient à l’étranger. J’y suis donc allée plusieurs fois en famille et j’ai toujours adoré. Le Japon a une histoire si riche en design, art, spiritualité et cuisine et à Kyoto, c’est encore plus important parce qu’il s’agit de l’ancienne capitale impériale. J’adore errer des heures dans les lieux saints, les temples mais aussi les cafés, les restos de ramen et les bars planqués dans les petites allées. Ce qui me plaît, c’est d’explorer cette ville sans plan.
Peux-tu nous en dire plus sur ce voyage ?
Mon séjour à Kyoto faisait partie d’un grand voyage en famille au Japon. Mon frère et sa femme étaient venus avec leur fils d’un an alors on avait un programme assez souple. On a commencé à Osaka puis on est allé dans un temple bouddhiste au sommet de la montagne, puis sur une petite île dans la mer intérieure appellée Shodoshima avant de finir notre voyage à Kyoto. Je prenais des photos doucement parce que je voulais savourer chaque moment.
Un moment ?
Il y a eu un typhon pendant le séjour donc il a plus sans arrêt pendant presque une semaine. Ça a donné lieu à des inondations. Nos vols retours ont même étaient annulés. Presque toutes mes photos ont été en un jour et demi, quand la pluie a enfin cessé. On se retrouve donc avec des images oniriques. Il y a une sorte de réalisme magique qui flotte dans l’air et c’est inspiré par un extrait du livre Chroniques de l’oiseau à ressort d’Haruki Murakami : « Se connaître n’est pas chose aisée. On ne peut pas se regarder avec ses propres yeux, par exemple. On n’a pas d’autres choix que de se regarder dans le miroir. Avec l’expérience, on en vient à croire que cette image est la bonne. » Pour moi, la photo est un autre miroir. Une autre manière d’essayer de me connaître.
Un paysage ?
La rivière Kamo sillonne la ville. L’été, on voit des amants, des bandes d’amis et des touristes assis le long de l’eau en train de boire et de manger. Les lanternes des izakaya (les bars japonais) s’alignent de chaque côté du fleuve. Je préfère m’allonger sur une couverture et partager des onigris et quelques bières que d’aller dans un resto chic. Surtout que la nourriture coûte assez cher au Japon.
Un souvenir ?
Je suis un grand buveur de thé donc je conseillerai de ramener du matcha. Il y a un vieux salon de thé qui s’appelle Ippodo et j’adore acheter mes cadeaux là-bas.
Une photo ?
Je tiens vraiment à la photo des oiseaux. Elle est simple mais elle dégage cette magie que j’affectionne. En anglais, quand des centaines d’oiseaux dansent et bougent à l’unisson, on appelle ça une « murmuration ». Ça me fascine. J’ai vu ces oiseaux au dessus de la gare lors de notre dernière nuit. Ils étaient très bruyants. Je ne comprenais pas que tout le monde continue à marcher sans y prêter attention. Je ne pouvais pas m’empêcher de les regarder.