Elle partage sa passion avec sa sœur et ses parents dans leur majestueuse ferme de Carmona, un village à quelques kilomètres de Séville. On peut se rendre au ranch Epona pour s’entraîner ou passer du bon temps. À midi, Vivi, sa famille et leurs invités déjeunent ensemble sous le soleil flamboyant et échangent ensemble autour de randonnées, de voyages ou de chutes comiques.
Epona se trouve dans une hacienda splendide qui date du XVIè siècle. C’était comment de grandir ici ?
On ne peut pas imaginer d’enfance plus heureuse. C’est fou de grandir dans une immense maison avec tant de caractère ou l’on croise même quelques fantômes parfois ! Quand j’étais petite, ma sœur et moi grimpions jusqu’aux combles de la maison où on jouait à cache-cache. Dès qu’on mettait le pied dehors, on était entourées de chevaux et de chiens. Quand on était petites, on montait nos poneys à cru dans la campagne on disparaissait parfois pendant des heures. Evidemment, on participait activement à la vie à la ferme, nos parents nous ont donné des responsabilités très tôt et on devait nourrir les animaux, nettoyer les écuries et brosser les poneys.
Pourrais-tu nous décrire une journée typique à la hacienda ?
On commence à travailler aux alentours de 7h. Avec l’aide des palefreniers, on nourrit les chevaux, on les panse et on nettoie les box. Je commence à monter dès 9h. On a un autre moniteur qui m’aide à entraîner les chevaux car nous en avons beaucoup. Les invités arrivent vers 9h30 ; certains partent en randonnée, d’autres prennent des leçons de dressage avec moi ou ma sœur Caty. On déjeune vers 13h30. Enfin, nous poursuivons la journée en faisant plus ou moins la même chose jusqu’au départ des invités. Nous finissons notre journée aux alentours de 19h, une fois que les chevaux ont été nourris et pansés pour la nuit.
On sait déjà que tu es cavalière et monitrice d’équitation à Epona où tu travailles en famille, peux-tu nous en dire davantage sur toi ?
Il y a quelques petites choses qui me définissent bien. Pour commencer, je suis passionnée de cheval. C’est aussi mon travail car je passe près de dix heures par jour à travailler avec les chevaux. Quand je passe en voiture près d’un pré et que je croise un cheval, je m’enthousiasme comme si je n’en avais pas vu depuis des mois. Je suis quelqu’un de concentré et de patient dans le travail avec les chevaux. Lorsque j’enseigne, j’aime voir mes élèves progresser, c’est comme un défi, c’est pourquoi j’y mets énormément d’énergie. Sur un aspect plus personnel, j’aime les choses simples comme aller au cinéma, les balades à Séville et voyager lorsque j’ai le temps. Ce qui ne m’arrive plus très souvent !
Etre entourée d’animaux à la campagne plutôt qu’être assise derrière un bureau est un privilège et j’en suis consciente.
D’ailleurs tes parents partagent cette même passion !
Ils sont tout autant passionnés que moi. Mon père est un homme très positif. Il a un grand sens de l’humour et passe son temps à faire des blagues même dans les moments difficiles. C’est aussi quelqu’un de généreux qui travaille très dur et qui aime sa famille par dessus tout. Ma mère a un caractère bien trempé et un très grand cœur. Elle a consacré énormément de temps et d’efforts au sauvetage de chiens battus et autres animaux maltraités. Elle va prendre sa retraite bientôt mais c’était elle qui restait éveillée toute la nuit quand un de nos chevaux ou de nos chiens était malade.
Qu’est-ce qu’ils t’ont enseigné ?
Mes parents m’ont appris à toujours privilégier le bien-être de nos chevaux, tout autant que de garantir la sécurité des cavaliers. Il y a beaucoup d’humanité dans dans leur métier, tout autant que dans d’autres aspects de leur vie. Ne jamais prendre de raccourcis, faire les choses bien même si cela demande plus de temps ou plus d’efforts. Sur le long terme c’est ce qui fera la différence.
Comment se sont rencontrés tes parents ?
Il se sont rencontrés à Cali en Colombie. Ma mère vient d’Ecosse, elle est partie à Cali pour devenir professeur d’anglais. Mon père est né au Guatemala mais il est à moitié espagnol. À l’époque mon père possédait un magasin de glaces mais ce n’est pas là qu’ils se sont rencontrés. Tous deux aimaient déjà l’équitation et se sont rencontrés comme ça, à dos de cheval, au centre équestre de Cali.
Le cheval a toujours fait partie de leur vie ?
Oui, on peut dire ça. Mon père a grandi dans un ranch avec du bétail et des chevaux de cow-boy, donc on peut dire qu’il a su monter à cheval avant même de savoir marcher. Lorsqu’il a déménagé en Colombie, il faisait du saut d’obstacle. Ma mère a été nettement moins chanceuse, ses parents ne soutenaient pas vraiment sa passion. Elle a du travailler en tant que palefrenière quand elle était enfant, c’est-à-dire qu’elle nettoyait les étables et les écuries chez un fermier de son village. En retour, il la laissait monter ses poneys sauvages dans les prés ! Lorsqu’elle a été capable de gagner sa vie, elle a commencé à prendre des leçons et a réussi ses premiers examens à la British Horse Society.
Comment se sont-ils retrouvés en Espagne ?
Il y sont allés pour la langue et l’héritage espagnol de mon père. De toute façon il faisait trop froid en Ecosse ! Ils ont voyagé un peu partout et sont tombés amoureux de l’Andalousie. Du soleil, de la culture, des gens et des chevaux. Mon père a fini par trouver une jolie ferme où installer notre centre équestre, tout près de Séville qui est, selon nous, une des plus jolies villes au monde.
Les espagnols semblent être particulièrement fiers de leurs chevaux !
C’est culturel, comme partout, certains montent à cheval pour le sport, le dressage, le saut d’obstacle ou pour le plaisir. Ici, il y a une vraie tradition dans le sens où de nombreuses fêtes ou des célébrations religieuses mettent en scène les chevaux, comme la Feria, Romerías et El Rocío. Ce dernier est un pèlerinage vers la chapelle de la vierge Rocío près du parc Doñana, l’un des espaces naturels les plus importants en Europe.
As-tu déjà pensé à faire un autre métier ou à travailler dans un bureau, par exemple ?
Impossible ! Être entourée d’animaux à la campagne plutôt qu’être assise derrière un bureau est un privilège et j’en suis consciente. J’essaie de m’en rappeler à chaque fois que j’ai envie de me plaindre !