Comment s’est passée ta rencontre avec Féfé ?
La génese c’est que j’ai découvert Féfé à la Grande Epicerie de Paris, je me suis demandé ce que c’était le hard seltzer, je connaissais vaguement. On m’avait parlé du phénomène aux States, mais c’était un peu entré par une oreille et ressorti par l’autre. En voyant la canette, je me suis dit merde, ça arrive en France. J’ai fait quelques recherches et je suis tombé sur Cacti Hard, le hard seltzer de Travis Scott et je me suis dit ok, il y a forcément des parts de marché et vu l’ampleur que ça a pris aux Etats-Unis, il y a forcément un truc à faire ici.
Tu voyais le truc avec un angle business ?
Disons que je me suis demandé si ça intéressait vraiment les gens et je suis plutôt curieux, je m’intéresse à plein de trucs. Je suis allé au Syndicat, j’ai rencontré la team. On a vu deux-trois cocktails, on a rigolé et ils m’ont expliqué plus en détails ce qu’est le hard seltzer et ça m’intrigue. A côté de ça, l’équipe m’a expliqué ce que représentait le Syndicat dans le monde du cocktail en France…
C’est-à-dire des personnes qui privilégient un sourcing de produits exclusivement français !
C’est ça, je me suis rendu compte que j’étais devant des gens costauds qui sont très chauds dans leur discipline. Ils ont aussi la volonté de ne pas se diriger vers de gros groupes pour se développer. Moi-même j’ai parfois l’impression qu’on est perçu comme des objets, on fait appel à des artistes pour de l’endorsement. On représente un truc pendant six mois puis on n’en parle plus. Avec le Syndicat, on va plus loin dans notre engagement. Ils m’ont expliqué les valeurs qu’ils portaient et c’est comme ça que j’ai découvert le cognac.
Tu ne buvais pas de cognac auparavant ?
Je connaissais celui que buvaient mes grands-parents ou même le Henessy mais c’est un gros cliché de ouf, je ne pense pas que les artistes en France en consomme tant.
C’est plutôt un truc qu’on observe Outre-Atlantique avec des rappeurs comme Jay-Z, Drake ou Busta Rhymes ?
C’est dans leur culture, c’est un alcool charismatique qui représente quelque chose d’élégant et raffiné chez les américains mais en France on voit ça comme une alcool de daron !
Il paraît même que tu es parti en formation à Cognac !
À Jarnac pour être précis, chez Hine. Une maison qui a une très belle histoire puisqu’elle a été fondée en 1763. On partage des valeurs qui s’approchent de mon univers, de mes clips avec un côté luxueux, précis et léché. Ils m’ont ouvert ce qu’ils appellent les « portes du paradis », une giga cave avec des eaux de vie qui ont plus de 200 ans. J’ai tout de suite été piqué de curiosité, le maître chai était hyper sympa et m’expliquais les méthodes d’assemblage, les matières, le type de fût utilisé…
Ah oui, tu as vraiment exploré le sujet !
On m’a envoyé en formation ! Quand on a commencé à en parler avec le Syndicat, on s’est dit qu’il y en avait marre de la vodka-Red Bull qu’on buvait en club. Pendant longtemps c’était les seules options et inévitablement j’en ai bu, l’idée ici c’est d’offrir de nouvelles possibilités. J’ai découvert que le cognac était à la hauteur du vin dans le patrimoine français et j’ai surtout réalisé qu’on exportait 90% de ce qu’on produisait. Je trouve dommage qu’on n’ait pas plus accès à cette culture.
Comment avez-vous composé Fefe 19 ?
On a évoqué les arômes qui pouvaient me plaire et qui reflétaient aussi ma musique. J’ai tout de suite pensé à la rose, au gingembre… Thibault Massina qui est mixologue au Syndicat m’a suggéré le galanga, j’ai tout de suite aimé : c’est presque un nom d’album ! On s’est dit que ça pouvait marcher avec du cognac.
Pourquoi la rose ?
Parce que je trouve qu’il y a pas mal de parallèles avec ce que je propose dans la musique, on essaye d’amener une esthétique assez « mafiesque », j’aime cette image du charme épineux ! C’est une plante magnifique qui ne se laisse pas faire et peut te faire mal ! Et puis le galanga vient jouer le rôle du côté piment du « arrrrgh » ! On a ensuite discuté de l’esthétique et un soir alors que je buvais des cocktails au Syndicat, je me suis mis à dessiner sur une canette vierge, j’avais envie d’un truc à la fois naïf et diabolique comme si un enfant dessinait une fleur. Le contraste avec le contenu m’intéressait.
C’est quoi les cocktails que tu consommes en général ?
J’aime bien la vodka-martini, le Sex on the beach, le daïquiri… Au final, je me suis rendu compte que je ne buvais pas grand chose lié au cognac donc je suis content de m’être trouvé ce nouveau talent pour kiffer un beau produit du patrimoine français !
Ça se passe comment de s’associer à des parisiens pour un marseillais ?
Ça se passe bien, on fait pas du ballon là (rires) ! on fait un truc qui nous rassemble par le kif et ça se passe toujours bien et c’est même un plaisir de travailler avec les parisiens !
Tu fais des cocktails chez toi ?
Oui et non ! Thibault doit passer à la maison pour m’en faire parce que je suis pas très bon. Autant en cuisine ça va, mais en cocktail, j’ai un peu de mal !
D’ailleurs, le hard seltzer est un produit plutôt nouveau, tu arrives à convertir tes proches facilement ?
Je l’ai fait goûter à des potes, à des darons et des daronnes ! Ça suscite toujours de la curiosité et globalement les gens ont kiffé ! J’ai compris que le hard seltzer pouvait être la Ferrari de la boisson et qu’en plus ça contient moins de sucre et moins d’alcool.
Et toi Julien, t’as déjà eu la gueule de bois de la Fefe ?
Non jamais, et justement notre objectif c’est pas de bourrer la gueule des gens. C’est de leur dire d’arrêter les flush de vodka, en vérité tu prends aucun plaisir et le lendemain t’as mal à la tronche. Tu te souviens même pas de ta rapta !