Non, il n’est pas question d’épouses de présidents, mais bien de femmes qui ont accompli quelque chose pour la toute première fois dans leur domaine. Quelque chose qui bouscule, qui fait avancer et prendre conscience que oui, c’est possible. Pour toutes. L’invitée qui lancera les festivités le 15 février prochain, sera Marie Cau, première maire transgenre de France. On a voulu en savoir plus auprès de Laurianne, fondatrice de l’agence Plume, qui porte ces échanges avec conviction et naturel comme si, dit-elle, « nous étions au bistrot. »
Raconte-nous la genèse de « Première Dame » et de ta résidence à l’hôtel Dame des Arts.
Cela faisait quelques temps que j’avais une idée en tête. Celle de mettre en avant de « jeunes premier.e.s » qui s’étaient distingué.e.s dans quelque chose d’original, d’inédit, pas forcément incroyable mais nouveau. Comme par exemple, produire de la poutargue sans sel ce qui permet aux gens qui souffrent d’hypertension d’en manger.[Laurianne s’intéresse aux sujets culinaires, et a co-créé et animé le podcast Manger avec Louie Media]. Par la suite, j’ai été contactée par l’hôtel Dame des Arts, tout juste ouvert dans le quartier latin, pour y animer des talks, on a réfléchi ensemble à la forme commune que cela pouvait prendre.
Pourquoi consacrer ces rencontres aux femmes ?
De toute évidence, il y a moins de modèles féminins que de modèles masculins dans notre société. Il faut ouvrir les portes pour les femmes, leur montrer une voie possible. Ce n’est pas un talk militant puisqu’il est par essence féministe, ce n’est pas nécessaire de le préciser. Les femmes accomplissent des choses incroyables tous les jours, nous ne sommes juste pas au courant. Elles sont inspirantes et les mettre en lumière permet de leur faire réaliser qu’elles peuvent justement devenir des modèles.
Parce qu’elles n’en ont pas conscience selon toi ?
Souvent, non. Ce qui m’a frappé, c’est que nombre d’entre elles ont un syndrome de l’imposteure, à se dire qu’à leur niveau elles ne peuvent pas faire bouger les lignes, alors que c’est tout le contraire. D’autres peuvent les suivre, et nous, on pousse juste la porte ! Ce qui m’intéresse, c’est de recueillir leur ressenti et adopter leur point de vue et leur démontrer que les gens peuvent réellement s’intéresser à leurs avancées.
En parlant de tes invitées, elles viennent de domaines très éclectiques. Pour ton premier talk mercredi prochain, tu vas recevoir Marie Cau, femme politique et première maire transgenre. On peut en savoir plus ?
En effet, c’était important de balayer plusieurs domaines : politique, scientifique, culinaire, sportif. Des milieux dans lesquels les femmes peinent souvent à s’imposer. Je pense à Hélène Drouin, qui a grimpé l’Everest a 28 ans. L’alpinisme, c’est dur, très masculin et je suis convaincue que d’entendre ce qu’elle a à dire sur cette expérience apporte à tout le monde [nous aussi, nous sommes plus que convaincues!]. Je vais recevoir aussi Claire Vallée, la première Cheffe à avoir reçu une étoile pour un restaurant végan. Claudie Haigneré également, la première astronaute française à être partie dans l’espace en 1996. Aujourd’hui, quel est son récit ?
On a hâte de l’entendre, ce récit. Est-ce que la sélection d’intervenantes a été difficile à faire ?
Pas tellement ! Parce qu’en cherchant un peu, on a trouvé une bonne trentaine de profils géniaux et pour la plupart, très motivés par le projet. L’angle était nouveau, encore jamais traité et la diversité des profils s’est faite naturellement. Et puis le format de rencontre, dans un lieu chaleureux, propice à l’échange avec le public, a du les séduire.
On sent bien dans ta vision une proximité que tu mets en place avec les invitées, le public. Ce talk sera un événement rassembleur finalement.
Oui, on adopte le ton de la discussion, comme si on était au bistrot (rires). Mais la proximité se joue aussi avec nos régions. L’idée est de défricher des territoires, avec la volonté d’aller voir les gens, leur faire parler de leur quotidien. Qu’est-ce que c’est que d’être cheffe d’entreprise, d’offrir une proposition végan, de gérer les tracas d’une commune… j’ai envie de me plonger dans les méandres de leur pensée !
Pour finir, parlons un peu de ce nom « Première Dame », c’est très bien vu !
Ahahah merci ! On a voulu retourner l’expression, lui donner une nouvelle dimension. C’est élégant une première dame, mais quelle est sa place ? En permanence, elle est entre l’ombre et la lumière. Elle ne peut jamais scorer et on lui reproche toujours quelque chose. On prend le contre pied, on redonne aux femmes une puissance qui leur avait été enlevée en changeant le narratif, au sens premier du terme.