Alors que l’activité reprend doucement dans l’hôtellerie restauration en France depuis la sortie de la crise de Covid-19, le secteur peine encore à se montrer attractif. En cause: des conditions de travail déplorables dans de nombreuses adresses emmenées par des employeurs faisant passer le bien-être de leur portefeuille avant celui de leurs salariés. En atteste la consternation des anciens employés de la boulangerie Circus Bakery, dénonçant des salaires impayés tandis que son patron est en fuite pouvait-on lire dans Mediapart.
Si tu bossais 60 heures par semaine et que t’étais payé au lance-pierre tu retournerais au travail toi?
Florent Ladeyn, chef
“ Sur Instagram et les devantures de restaurants les annonces se multiplient. Quand on a relancé nos recrutement à la reprise, ce qui nous prend habituellement 4, 5 jours a pris un bon petit mois ”, confie Nicolas Alary, fondateur des restaurants Holybelly à Paris. Même son de cloche pour la toque Florent Ladeyn à la tête de quatre tables posées dans les Hauts-de-France: Bloempot, l’Auberge du Vert Mont, Bierbuik-Bloemeke et l’Estaminet. “ Il y a encore tellement d’endroits où les employés passent 80 % de leurs temps au travail. Ils arrivent super tôt le matin et repartent super tard le soit avec une coupure de quelques heures seulement. Si tu bossais 60 heures par semaine et que t’étais payé au lance-pierre tu retournerais au travail toi ? ”
Selon le ministre du travail, 450 000 personnes ont quitté le monde de l’hôtellerie restauration entre février 2020 et février 2021 tandis que 213 000 seulement l’ont intégré. Avec les confinements à répétitions, de nombreux employés en salle, en cuisine ou encore en plonge se sont découvert d’autres priorités.
Des semaines de 4 jours afin d’éviter le cauchemar en cuisine
“ Pendant la pandémie, beaucoup de sont aperçus qu’avoir une vie à côté de son travail c’est quand même plus agréable et c’est une dimension à prendre en compte ” note Florent Ladeyn qui s’apprête à ouvrir une nouvelle adresse à Lille début 2022. Dans ses adresses, toutes les équipes sont passées aux semaines de 4 jours travaillés par semaine. “ On a démarré avec un crash test à l’auberge du Vert Mont où je suis le plus. Avec fermeture le dimanche et le lundi, on est sur un système de semaine coulante. Résultat: les équipes sont à 110 % ! ” remarque-t-il.
Comme lui, d’autres chef.fe.s n’ont pas attendu une prise de conscience générale pour entretenir un environnement de travail sain. “ Cela passe aussi par des détails qui ont une importance comme le fait d’avoir des vestiares mixtes, de réparer le matériel cassé aussitôt que l’information a été remontée, de maintenir une bonne communication au quotidien ” souligne Nicolas Alary.
Peut-être arrivera enfin le jour ou ces exceptions deviendront la règle dans tous les établissements.