“Le concept du naturisme m’a toujours paru étrange. J’ignore pourquoi mais j’avais en tête cette image d’un touriste allemand en claquettes chaussettes, la floche à l’air glace à la main vivant sa meilleure vie. L’été dernier, attristée de voir mes fesses aussi blanches que la lune dans une nuit d’été je me suis promis de passer le cap.
Avec mon copain, nous partons de Noto pour rejoindre Syracuse, une autre ville de la côte sud-est de l’île. En longeant ses plages magnifiques je me dit que c’est le moment. Après avoir « googlé » « les plus belles plages nudistes de Sicile », on se met en route pour Marianelli.
Le concept du naturisme m’a toujours paru étrange. J’ignore pourquoi mais j’avais en tête cette image d’un touriste allemand en claquettes chaussettes, la floche à l’air et glace à la main vivant sa meilleure vie.
On passe par une ville balnéaire fantôme dans l’esprit de Coney Island aux États-Unis, complètement vidée de ses touristes avec des hôtels immenses aux façades décolorées et décrépies par le sel.
Premier stop, une épicerie. Pour éviter de cramer, on met la main sur un parasol immense qu’on finira par abandonner à l’aéroport au retour, des kinder bueno italiens, et quelques bières siciliennes au sel pour se donner du courage. Une fois la voiture garée sous des énormes citronniers à 15 minutes de la plage, on se met en route vers notre El Dorado de sable fin et de baigneurs en tenue d’Ève et d’Adam.
Sous la plage, le téton
Une fois arrivés, j’ose à peine regarder autour de moi. Je me sens plus que vulnérable à l’idée d’abandonner mes vêtements alors que pourtant tout le monde s’ignore ou se sourit chaleureusement.
Je zieute à la dérobé les deux autres couples nus comme des vers sur le sable, mon regard se porte au loin sur la silhouette d’un vieillard à la peau aussi luisante et tannée que du cuir, sans l’ombre d’un poil, pas même autour de son sexe qui ballotait allègrement.
Mon regard se porte au loin sur la silhouette d’un vieillard à la peau aussi luisante et tannée que du cuir, sans l’ombre d’un poil, pas même autour de son sexe qui ballotait allègrement.
Je prends mon courage à deux mains puis quelques gorgées de bière un peu tiède plus tard, nous voilà barbotant dans les flots de cette mer boudée par les locaux à cette période de l’année car trop fraîche pour eux.
Les sensations des vagues t’emportant tout entier ne sont pas du tout comparables à celles ressenties en maillot de bain. À ce moment là j’ai vraiment l’impression de retomber dans l’insouciance de l’enfance. De retour sous le parasol je m’enfonce dans le sable brulant de l’après midi qui s’immisce partout partout.
On se fait dorer la pilule tranquillement, puis vient à mon copain l’idée d’une balade dans les fougères, comme ce couple de mecs avec leurs chapeaux de cow-boy vissés sur la tête. J’en garde un souvenir déroutant. Tu prends conscience que ton corps normalement soutenu par des couches et des couches de textiles vit sa vie. Je sens mes fesses blobloter, j’en fais des blagues, et je me mets à courir comme un gosse.
Je ne sais pas si c’est l’effet première fois, ou les quelques bières sirotées dans lesquelles nous avions eu la bonne idée d’ajouter le jus de citrons piqués en chemin, mais je n’ai jamais vu une mer aussi cristalline et un sable aussi fin. Tout était idyllique.”