Le restaurant est spécialisé dans la viande de boeuf depuis que le chef la cuit au fer, «un jour l’antiquaire d’à côté m’a offert un vieux fer à repasser pour la déco de mon resto, et j’avais justement lu un article sur la réaction de Maillard. Pour la première fois je tentais la cuisson au fer sur une entrecôte et le résultat m’a tout de suite convaincu». La viande, c’est de la Salers «au début j’allais voir le producteur une fois par mois, je suis le seul à avoir leur viande dans le Grand Est ! Et je te dirai jamais son nom, si tu veux c’est le copain d’un copain d’un copain», dit-il en souriant. Chez ce producteur, le chef a dû montrer patte blanche «il faut y aller et se présenter, sinon ils te vendent rien ! Ils ont 50 000 bêtes dont 10 000 Salers». Quand on demande au chef pourquoi son choix s’est porté sur cette race bovine, il explique «la meilleure viande, elle est en Auvergne et c’est la Salers, en Alsace on n’est pas bon pour ça, ici on est bon dans le cochon !».
La cuisine n’était pas forcément une affaire de famille chez Renaud, bien qu’il ait des oncles et un parrain cuisiniers. Pourtant ce métier s’est imposé rapidement à lui : le chef a débuté chez Jean-Frédéric Edel à Sélestat puis il est parti en Allemagne dans le restaurant fribourgeois des frères Mosbach.
Renaud Schneider fait l’armée en Allemagne et revient chez Jean-Frédéric Edel, en attendant de trouver une place dans un restaurant. Le chef débarque au Chatelain à Boersh, toujours dans le Bas-Rhin, «j’ai appris énormément de choses avec un boucher, je voulais savoir faire la charcuterie, les saucissons, le boudin noir… cette formation a duré un an». Après son expérience au Chatelain, il devient le chef du restaurant du golf de la Wanzenau pendant deux ans et ouvre finalement Pierre, Bois et feu.
Au moment ou nous visitons le restaurant, les travaux viennent de s’achever. En effet, Renaud a confié l’aménagement de l’espace à Butane, un collectif de graphistes strasbourgeois qui ont sû faire de ce lieu un endroit clair, accueillant et moderne. Il est très content du résultat «Je ne pouvais pas tout faire et j’avais besoin de voir le lieu évoluer, je leur ai laissé les clés et quand je suis revenu le restaurant avait rajeuni». Les «butaniens» ont pensé à aménager un petit coin épicerie avec les produits du chef, notamment un excellent foie gras au Gewurztraminer ou encore son saumon label rouge fumé maison.
Renaud aime particulièrement cuisiner les légumes, chez lui vous ne trouverez pas d’entrecôte-frites ! On y mange des légumes de saison qui viennent de chez Christian Erhart «Christian fait beaucoup de tests avec les légumes, il demande ses graines à l’INRA et puis c’est la surprise, en ce moment il travaille la betterave blanche et la courgette sicilienne».
Côté boissons, Pierre, Bois et Feu propose du bio, du naturel, des vins de vignerons indépendants avec des vins au verres entre 4 et 9 euros, «j’ai envie que les gens puissent se faire plaisir et découvrent de nouvelles choses que ce soit en vins alsaciens ou français… Par contre j’aimerais bien virer le coca de ma carte, je vais sérieusement me pencher sur la question parce que ça me fait chier».
Pour les desserts, c’est une belle surprise, une petite bombe : un Paris-Brest qui vaut le détour jusqu’à Strasbourg, une crème brûlée et sauce au caramel à se damner ou encore un dessert intensément chocolat. Ici, le chef annonce tout de suite la couleur : les desserts ont été concoctés avec un copain, et pas n’importe qui, l’ancien chef pâtissier du Crillon Christophe Felder. «Avec Christophe on a fait pas mal d’essais, on a mis du temps à arriver au résultat souhaité, et j’ai été très touché qu’il propose de faire ma carte des desserts».
En plus d’être un restaurant charmant dans l’air du temps, cette visite chez Pierre, Bois et Feu a surtout été l’occasion de rencontrer un chef généreux et sympathique qui souhaite apporter sa pierre à l’édifice dans le paysage gourmand de la capitale européenne.