Comment vous êtes vous lancés dans la vanlife ?
Nous avions pris pour habitude de partir en week-end et en vacances à bord de notre premier van depuis déjà deux ans. Gürkan travaillait dans la pub, moi dans un cabinet de conseil à Paris, le retour à nos quotidiens devenaient de plus en plus difficile. Progressivement nous avons adopté ce mode de vie en développant nos activités en freelance sous le nom de Slow Road Studio. Au fil de nos projets à travers les campagnes françaises nous sommes devenus les ambassadeurs de WeVan (loueur français de vans aménagés, ndlr) à bord de leur bolide avec lequel nous traverserons la France jusqu’au printemps prochain.
Votre itinéraire était déjà tracé avant votre départ ou s’est-il dessiné au fil du voyage ?
Le projet initial se divise en deux temps. Le premier était celui de sillonner l’Ouest de la France jusqu’à la Corse d’ici fin octobre. Le second, celui de parcourir l’Est d’ici l’année 2021, le tout en procédant par découpage de grandes régions. Nous sommes partis de la ville de Cancale en Bretagne depuis laquelle nous avons traversé le Finistère du nord au sud jusqu’au Pays de la Loire par exemple. Il n’y a pas d’itinéraire parfait, il faut savoir se laisser guider et accepter que certains jours seront moins palpitants et riches en découvertes que d’autres. Sur la Côte Atlantique, nous avions déjà nos spots tandis que dans les Alpilles, et en Provence-Alpes-Côte d’Azur, nous allions vers l’inconnu.
Pouvez-vous nous décrire l’aménagement de votre van ?
Il se divise en deux espaces distincts. Celui de la chambre en hauteur et celui du bas avec un second lit clic-clac, le bureau et un espace salle à manger cuisine, comprenant un frigo, des plaques, un évier et pas mal d’espaces de rangement. Les tables se déplient, le siège passager est pivotant. Pour la salle de bain, nous avons une petite douchette à l’arrière chauffée par le soleil. De quoi faire tenir le nécessaire pour une vie à deux pendant trois mois.
Le fait d’être itinérant nous pousse à approcher le tissu local des villages et des campagnes que l’on traverse
Chloé
Avec une cuisine réduite à l’essentiel quels sont les types de plats que vous concoctez ?
Des recettes méditerranéennes aux influences turques principalement mijotées par Gürkan comme le menemen, une sorte d’omelette accompagnée de tomates, d’oignons et de poivrons, mais aussi des plats végétariens à partir de produits locaux et de saison selon les endroits où nous sommes. Nous avons un four palestinien avec lequel nous réalisons des couronnes de sésame, des banana bread ou encore des carrot cake.
Cette façon de voyager a-t-elle modifié votre mode de consommation habituelle ?
Nous sommes moins inscrits dans une économie du tourisme. Le fait d’être itinérant nous pousse à approcher le tissu local des villages et des campagnes que l’on traverse. En allant directement auprès des producteurs et des petits commerçants, cela nous permet de découvrir la richesse et la spécificité des différents terroirs. Nous regardons la France avec des yeux différents.
Comment s’organise la vie au quotidien ?
Nos matinées sont généralement consacrées au travail. Le midi nous déjeunons à bord du van avant de partir à la découverte des lieux où nous sommes arrêtés, ou nous retrouvons des petits producteurs des artisans et des créateurs locaux. Certaines escales prévues sur 24 heures peuvent se rallonger d’une nuit lorsqu’on nous offre l’hospitalité.
Comment sélectionnez-vous vos adresses ?
Beaucoup de bouche à oreille, de recommandations d’habitants sur place et de voyageurs via les réseaux sociaux. C’est ainsi qu’on a découvert la technique de vinification sous-marine à Ciboure au Pays Basque par exemple.
Des spots qui vous ont émerveillés ?
Plusieurs villages basques dont Saint-Pée-sur-Nivelle, une commune perchée en hauteur avec l’Océan Atlantique en toile de fond, et le Plateau de Sanchèse. C’est un coin de nature préservé, coupé du monde, où le vert prédomine sur les terres argileuses et les barres rocheuses à l’entrée des Pyrénées. Dans l’imaginaire collectif, la vanlife c’est le réveil avec le ressac et la vue sur l’océan au petit matin, mais c’est aussi faire avec les aléas de la météo, ne pas pouvoir stationner où l’on rêverait pouvoir rejoindre les bras de Morphée à la tombée de la nuit.
Vous empruntez la route plutôt de jour ou de nuit ?
En journée. Nous pouvons rouler entre 15 et 120 kilomètres par jour selon l’humeur, nos activités, nos rencontres.
Qu’est-ce qui vous anime le plus dans ce mode de vie nomade ?
La magie des moments furtifs au quotidien. À la fin de la journée, lorsque le soleil se couche, la nature reprend ses droits. Des oiseaux surgissent de nulle part, une biche traverse la route… La vie nocturne s’offre à nos yeux et à nos oreilles.