S’il n’est pas étonnant de trouver la boisson auréolée au cœur de la Belgique, territoire de la bière, le secret de sa production est lui, plutôt bien gardé ! Nous parlons ici de production trappiste, appellation attribuée uniquement si l’élixir houblonné est brassé dans une abbaye occupée par des moniales ou moines cisterciens de l’ordre de la Stricte Observance. La shortlist mondiale, une fois ces critères appliqués, contient 12 bières labellisées dont 6 en Flandres. Pour l’anecdote chauvine, on nous chuchote à l’oreille que les trappistes désormais belges sont venus initialement de France jusqu’en 1836. Avant, la production d’alcool était interdite dans les lieux de foi de l’Hexagone.
Maintenant que le protocole trappiste n’a plus de secret pour vous, revenons à cette fameuse bière blonde ou brune, jugée comme la meilleure du monde. Elle est brassée à Westvleteren dans l’Abbaye de Saint-Sixte de façon totalement artisanale. La bâtisse date du 19ème appartenait à un dévot laïc, marchand de houblon. Après avoir légué sa demeure aux moines producteurs, il adopte une vie d’ermite dans les bois attenants au prieuré.
Tout ici semble teinté de confidentialité, y compris la production de la bière, limitée à quelques 5000 hectolitres par an. Pour vous donner une idée, L’Orval, autre boisson trappiste brassée dans le sud-est de la Belgique, est produite à hauteur de 78000 hectolitres par an.
La Westvleteren est donc rare et n’a aucun circuit de distribution.
Ne vous y trompez pas, il n’est guère aisé de se la procurer ! Il faut se rendre à L’Abbaye Saint-Sixte où vous pourrez acheter directement auprès des moines une caisse de bois maximum, contenant 24 bouteilles de 33 cl. Si cela contribue évidement à la légende de la précieuse bière, sa réputation n’est pas surfaite pour autant. Sacrée de 2005 à 2011, puis en 2013, meilleure bière du monde par le site américain Ratebeer, la Westvleteren cultive la sobriété : petite étiquette, une capsule dorée sans mention de lieu de production, un discret collier de verre sur le goulot. Mais la bière elle-même a mérité son titre, parole de Mint, pour la qualité de ses parfums mais aussi pour l’histoire qui l’entoure.
« Santé », comme il est coutume de trinquer en Flandres !