Découvrir le monde d’Inès Mélia, c’est comme ouvrir un roman et se plonger dans son histoire sans relever le nez. Lorsque la jeune femme nous ouvre la porte de son atelier parisien, au fond d’une cour arborée, l’atmosphère est baignée de lumière. Tout comme l’esprit de l’artiste, foisonnant et transversal. Un jour, Inès Melia est créatrice sonore : elle capte les sons pour créer des univers et du brouhaha naissent des promenades. Un autre, elle modèle des chandeliers constitués de fromages, sublimant un quotidien auquel elle offre une enveloppe sculpturale. Détourner des objets communs pour les rendre beaux, voici le fil rouge que tisse l’artiste, qui ne s’impose pas de limites dans son exploration de l’esthétique, ni de ses supports.
Le nouvel objet de ses pensées ? le livre, qu’elle affectionne pour ce qu’il représente, contient et promet. A la fois ode à la littérature, mais pouvant aussi faire office de boite à mouchoir, l’objet est déconstruit, pensé avec le filtre de l’intime, qui cohabite aisément avec l’universalité de la lecture. Inès Mélia libère les mots de leur cadre en les posant sur une toile ou au contraire, les enferme en dressant des totems. Mais pas n’importe quels mots. Ceux de Proust, dans La Prisonnière, le cinquième tome de À la recherche du temps perdu. Dans cette première exposition personnelle, baptisée « Ne me retiens pas », une série de tableaux et de sculptures égrènent les mots nostalgiques de l’écrivain et dans un même élan, révèlent beaucoup de l’intimité de l’artiste, quand on lit entre les lignes.
Un spectacle d’aujourd’hui qui empreinte au passé, ponctué de couleurs et de singularité.