Comment t’est venue l’idée de Ghia ?
J’ai grandi en France entre Lyon et Cannes où la culture de l’apéro est très ancrée. Dans ma famille qui est Franco-Italienne, on recevait énormément. Il y avait toujours des amis arrivant à l’improviste ce qui était pour ma mère et ma grand-mère maternelle l’occasion de créer de très beaux buffets arrosés de litres et de litres de punchs ou de limoncello. Au cours de mes études universitaires aux États-Unis, je me suis rendue compte que la manière de recevoir y est différente. De mes camarades, j’étais toujours celle qui cuisinait pour tous, ce qui m’a d’ailleurs amenée à travailler dans la restauration avant que je rejoigne la marque de cosmétique Glossier. J’y ai vécu des années folles, très busy. À mon départ, j’ai complètement levé le pied et au bout de six mois, je me suis aperçue que ça a été aussi le cas sur l’alcool. J’ai eu envie de continuer à ne plus boire, j’avais l’impression de retrouver mon souffle, d’être plus apaisée et c’est comme ça que l’idée à germer.
Qu’est-ce qui fait sa particularité ?
J’ai souhaité mettre au point une formule apéritive concentrée et peu sucrée qui soit versatile, autant appréciée des personnes ne buvant pas que des autres et facile à accommoder à la manière d’un Campari. Côté saveurs, je voulais retrouver cette amertume particulière à l’amaro italien (liqueur amère produite à partir de plantes, ndlr) me rappelant les saveurs de la Riviera. Il a fallu cinquante cinq essais pour arriver à la recette parfaite. Elle est essentiellement composée d’ingrédients naturels que l’on va sourcer dans leurs régions d’origine comme la gentiane provenant des montagnes françaises, le yuzu du Japon ou encore le raisin d’Argentine, ce qui était une grande nouveauté pour le marché où les boissons sans alcool aux US sont souvent très sucrées, très chimiques, sinon elles ont des fonctions énergisantes, relaxantes. Ghia c’est “flavor over fonction” elle est conçue pour le plaisir des papilles et pour la tranquillité d’esprit des personnes souhaitant sociabiliser en toute tranquillité, avec à la main un verre dont ils sont fiers. Car il y a une forme de pression sociale qui se créé dans l’entourage lorsque l’on ne boit pas, tout de suite on nous demande si l’on est déprimés, si l’on est malade ou si on est enceinte lorsque l’on est une femme.
Y-a-t-il une façon de servir Ghia que tu préfères ?
Je l’aime aussi pur que possible avec un splash d’eau pétillante et une tranche d’orange et sinon ginger beer, tonique se marient bien avec. J’aime aussi voir la créativité des consommateurs plus inventifs les uns que les autres qui en font aussi bien de cocktails que de desserts.
Il y a également des mixologues et des chef.fe.s qui ont été séduits…
Ghia a autant sa place dans la taqueria du coin que dans un restaurant étoilé et cette diversité, c’est ma fierté. Pour fêter nos quatre ans, chacune des adresses où elle est inscrite à la carte l’a servie en guise de premier verre offert de New-York à Los Angeles en passant par Chicago et d’autres. Toujours dans cette idée du partage, c’est une boisson qui rassemble.
Quelle a été ton inspiration pour la direction artistique de la marque ?
Le twist rétro a été puisé dans l’esthétique des anciennes bouteilles d’apéritifs italiens, auquel on a insufflé une touche de modernité mais aussi un esprit joyeux afin de ne pas être associé à l’alcool. Le premier design du flacon de Ghia était en verre lisse, le nouveau plus recherché est en verre strié. Ce qui est drôle c’est que quelques semaines après qu’on l’ai dévoilé, Campari a rajouté des stries verticales au sien.
Peux-tu nous présenter les petites sœurs du flacon, les canettes ?
Ce sont quatre déclinaisons élaborées à partir de Ghia : la version soda revisitée, la version ginger beer sans aucun sucre ajouté, la version sumac et chili très spicy et la version citron vert et sel qui est très appréciée. Prêtes à boire ou à déguster dans les verres Totem réalisés par la designer franco-américaine Sophie Lou Jacobsen qui est une amie. La collaboration est née autour d’un dîner à l’issue duquel je lui ai glissé mon croquis dessiné sur une serviette en papier.
Quel est ton souvenir d’apéro le plus marquant ?
Nous avons eu comme nouveau distributeur Target, qui est l’une des plus importantes enseignes de grande distribution aux États-Unis. Afin de célébrer cette nouvelle étape, j’ai organisé une énorme sauterie chez moi avec un buffet grandiose dont de gigantesques tartes aux fraises en forme de cœur, Ghia coulait à flot ! Parmi les invités il y avait autant de partenaires que de proches, le tout réuni on devait être au moins deux cent personnes ce qui est beaucoup pour ma petite maison de LA.
D’où te viens ton attrait pour la cuisine et l’art de recevoir ?
J’ai passé tous mes étés avec ma grand-mère maternelle dans sa cuisine à Cannes, en tant qu’apprenti petit commis. Mes tâches consistaient d’abord à assembler des choses dans l’assiette, puis à faire cuire des aliments, progressivement j’ai eu le droit d’utiliser les couteaux.
Y-a-t-il une recette qui t’a particulièrement marquée ?
Elle nous régalait avec tous ses plats! Comme son gratin de pâtes cuites dans du bouillon, ses persillades, ses sardines fraîches grillées, ou encore sa ratatouille et son bread pudding qu’elle réalisait à partir des restes de pains rassis de la maison lorsqu’ils ne finissaient pas en croûtons. Aussi, mamie avait écrit un livre de recettes, qu’elle m’a légué à son décès. À l’intérieur on y retrouvait tous les gâteaux préférés de mes frères, mes sœurs et moi, portant tous nos noms mais aussi tous ses punchs gorgés de fruits.
Est-ce la gourmandise dont tu as hérité qui t’as donné l’envie de lancer ta propre pâte à tartiner ?
C’était une création pour les fêtes de fin d’années que l’on a voulu retirer du marché et les gens nous ont dit non, alors on a gardé ce petit délice. C’est un gianduja composé de cacao, de noisette, d’huile d’olive à la place de l’huile de palme que l’on peut retrouver dans des versions industrielles, et avec un ajout de quinoa soufflé pour sa recette croquante.
À quoi ressemblent tes vacances lorsque tu décides de lever le pied ?
Je préfère être tout près de la Méditerranée plutôt qu’à LA. J’adore sauter depuis les rochers, récolter des olives chez mes parents à Eygalières dans les Alpilles, retrouver d’autres membres de ma famille et des amis autour de joyeux apéros.
Quand est-ce que Ghia sera enfin disponible en France ?
Très bientôt je l’espère. Je peux me permettre de lancer un gros appel aux distributeurs ? •