Sa maison, son jardin d’hiver et son potager sont visités chaque jour par des touristes curieux d’en savoir plus sur l’architecte slovène le plus renommé au monde. Outre Ljubljana, Plecnik a aussi laissé une marque à Vienne et à Prague durant la première moitié du XXe siècle. Celui qui s’imaginait passer sa vie dans une tour avec une mule et un jardin ne savait pas alors que sa ville natale deviendrait un jour son terrain de jeu.
C’est toujours intimidant d’entrer dans un musée où règne un silence religieux. On mesure le poids de nos chaussures sur le bois d’un parquet bruyant et on évite de porter la voix dans des pièces presque vides de meubles et de bibelots. Visiter la maison d’un artiste est une toute autre histoire, il y a quelque chose de fascinant lorsqu’on découvre le travail d’une personnalité à travers ses babioles, ses vêtements et sa routine.
L’entrée du musée est plus formelle. Lors de la rénovation survenue entre 2013 et 2015, l’espace a été complètement repensé. Au moment de la mort de Plecnik, la ville de Ljubljana a racheté la propriété et les biens de l’architecte en vue d’en faire un musée qui a ouvert ses portes pour la première fois en 1974. À cette époque, on ne visitait que la maison et ses dépendances attenantes. Depuis 2015, la découverte s’ouvre sur un espace moderne où se trouvent plusieurs expositions permanentes sur la vie et le travail de Jože Plecnik. Toutes ses œuvres sont présentées pêle-mêle sur des plans, des esquisses et des miniatures. On reconnaît les Marchés Couverts, la Bibliothèque Nationale et Universitaire à Ljubljana ou encore les jardins du Château de Prague et la Maison Langer à Vienne. On y trouve aussi un centre de recherches, un espace pédagogique destiné aux étudiants où des ateliers sont organisés régulièrement.
Une pièce est consacrée à sa vie personnelle, sa relation avec sa famille, ses étudiants qui l’estimaient beaucoup, sa femme de chambre Urska Luzar et Emilija Fon… On y découvre quelques lettres lues en slovène puis traduites en anglais de la correspondance entre Jože et sa soupirante Emilija qu’il enverra sur les roses sans y mettre de formes. Dans une lettre à son ami Jan Kotera il dira « Je ne suis pas un homme très cultivé et je n’ai que peu d’intérêt dans tout ce qui se rapporte à la maison. Malgré cela, une tour que j’ai souhaité construire hante mes pensées depuis des décennies. En dessous, il y aurait une étable pour une mule, au-dessus, un atelier, une salle de dessin et des pièces à vivre. Il y aurait un étage pour une personne que j’emploierais, ou un «homme à tout faire», et pour finir, il y aurait une serre sur le toit. Pour le moment, c’est ma seule certitude : une tour, une mule, moi et le jardin.»
Plecnik n’a jamais eu sa mule mais il construisit sa tour rapidement après s’être installé, cette dernière offre une vue sur les jardins. On arrive dans la maison en passant par une véranda remplie d’antiquités jonchant le sol. Deux plantes mangent l’espace de leurs larges feuilles et plus loin, le buste de l’architecte posé sur une caisse de bois veille au grain. Les fenêtres sont décorées de lierre et des bondieuseries sont dispersées de l’entrée au couloir, en passant par la salle à manger et la chambre à coucher. Toutes les pièces sont décorées très sobrement hormis son atelier où l’on trouve une foule de grigris, du matériel de dessin et de peinture. Les rayons du soleil percent à travers les vitres dans cette pièce ronde située dans la fameuse tour. La seconde pièce ronde de la maison se trouve au-dessus, il s’agit de sa chambre où sont disposées ses vêtements et ses livres. À l’extérieur se trouvent une ruche, un grand potager et un banc pour profiter du calme. Cette maison musée ne ressemble à aucune autre et même si certains disent, plus ou moins sérieusement, que le fantôme de l’architecte plane toujours en ces murs, on ne saurait que trop vous conseiller de vous y aventurer.