La recette que tu fais pour pécho ?
C’est la même depuis que j’ai 15 ans, désolée les gars. On pourrait dire que c’est une sorte de tajine avec du poulet, du curry, des pruneaux et des amandes, j’y ajoute du lait de coco et je sers ça avec des pâtes. Ma mère m’a appris à le faire, c’est donc une recette qu’on fait pour pécho de génération en génération !
Tu peux nous raconter la fois où tu as fait manger du riz au lait à Bradley Cooper ?
Je travaillais sur Don’t believe the hype au sein du salon Who’s Next à Paris. On m’avait demandé de programmer des chefs pour la création d’un resto éphémère, il y avait Taku Sekine, Guillaume Sanchez et Stéphane Jégo. Ça se passait aux Tuileries, les mannequins défilaient tandis que les chefs cuisinaient des ris de veau bien gras. Figure-toi que je suis pleine de préjugés puisqu’elles ont tout mangé et se sont régalées! Guillaume avait tout de même fait un dessert qui associait de l’agneau et du chocolat, l’icône Iris Apfel a tout mangé !
Et après ça, vous avez décidé d’aller manger chez l’Ami Jean…
Oui, et en réservant le chef Stéphane Jégo me lance « En plus il y aura Bradley Cooper.» Il se trouve que c’est le surnom qu’on donne à mon ami Yohan Caron (le second de pâtisserie de Cédric Grolet, ndlr) et j’étais persuadée qu’il me parlait de lui. J’ai donc répondu : « Super, ça fait longtemps que je ne l’ai pas vu ! » J’entre dans le restaurant et je tombe sur l’acteur, j’étais hébétée. Il dînait avec François-Henri Pinault. Stéphane gueulait mon prénom pour que je fasse le service à leur table, si bien qu’ils ont fini par croire que je bossais là. Au moment du dessert, j’apporte le riz au lait à table, et Bradley me propose de faire une photo. Je prends la spatule en faisant semblant de le servir et il ouvre la bouche, voilà comment j’ai fait manger du riz au lait à Bradley Cooper !
Je préfère ne pas manger plutôt que mal manger. Il m’est arrivé d’être proche de l’évanouissement pour éviter de manger un sandwich triangle sur une aire d’autoroute.
Raphaële Marchal, journaliste culinaire
Ton plat pour soigner une gueule de bois ?
En voilà un qui dégoûte ma mère: des sardines en boîte avec des pâtes ou du quinoa et les légumes que j’ai sous la main. Je mange ça systématiquement dans un bol avec une grande cuillère. En gueule de bois on a tendance à se faire du mal en mangeant des trucs très gras mais l’alcool et les clopes ça déshydrate, donc quand on se pète le bide on est encore plus mal. Sinon je me fais des tartines de beurre salé avec du comté, toujours avec la croûte.
Comment s’est passé ta première télé ?
Mon premier direct sur C8 s’est déroulé en janvier 2018. Je ne souhaite à personne de vivre ça : je voyais flou, je transpirais comme un porc et dans l’oreillette le producteur de l’époque qui n’était pas un sucre martelait que ça n’allait pas alors que je parlais des saucissons d’Emmanuel Chavassieux. J’osais même pas bouger mes bras de peur qu’il y ait des auréoles. À l’époque, j’aurais juré que ce métier n’était pas pour moi.
On considère tellement que le client est roi qu’on dit oui à tout, sans réfléchir. Par exemple, un client a demandé par le passé à ce qu’il n’y ait ni hommes ni femmes noires durant le service. Je pensais qu’on les envoyait chier ces gens là, avec force. Mais la directrice annotait « BBR », pour « bleu blanc rouge ».
Raphaële Marchal, journaliste culinaire
Si tu n’avais pas fait ce métier, t’aurais fait quoi ?
J’aurais pu continuer à bosser dans l’événementiel. J’ai toujours aimé les premières rencontres avec les clients, c’est ce que je préfère. J’adore le moment où on imagine ensemble la déco, la bouffe, l’atmosphère, en clair la partie plus créative. Je pourrais faire ce métier mais dans une petite boîte, j’ai vu trop de choses qu’on m’ont profondément choquée chez les gros traiteurs et je n’y reviendrais pas. On considère tellement que le client est roi qu’on dit oui à tout, sans réfléchir. Par exemple, un client a demandé par le passé à ce qu’il n’y ait ni hommes ni femmes noires durant le service. Je pensais qu’on les envoyait chier ces gens là, avec force. Mais la directrice annotait « BBR », c’est-à-dire « bleu blanc rouge ». C’était il y a dix ans, j’en étais malade de me dire que sur un sujet aussi grave le client aurait le dernier mot.
Pour finir, tu peux me raconter la première claque que tu as pris au resto ?
C’était même pas au resto, c’était à l’hôpital. J’avais trois ans, j’ai gobé un hareng et j’ai trouvé ça phénoménal.