Dans notre magazine numéro 24 consacré à la question de la lutte, Barbara et Alexander nous embarquaient en Albanie, où une tradition ancestrale perdure : celle des Burrneshas, des femmes vivant et étant considérées comme des hommes, et faisant vœu de virginité. Elles épousent le célibat pour réchapper à des mariages contraints et à leur condition encore parfois servile. Cette coutume, propre à ce territoire montagneux, existe depuis six siècles et répond à des règles précises : il faut prêter serment devant 12 anciens de son village pour être admise et considérée comme un homme. La photographe Jill Peters, qui s’intéresse à l’identité, la sexualité et les cultures à travers le monde, s’est naturellement intéressée aux Burrneshas et en a tiré une série photographique très percutante, Sworn Virgins of Albania.
Jusqu’au 30 janvier, le documentaire Les vierges sous serment de Kristine Nrecaj et Birthe Templin est disponible sur le site de la chaîne Arte. On assiste à la rencontre de deux personnes que tout oppose : Bedrie Brahim Gosturani, Burnesha de 61 ans, et Adèle, 26 ans, qui questionne les rôles assignés aux femmes dans son pays.
Chacune, à deux générations d’écart, aborde le patriarcat frontalement : l’une en intégrant le monde des hommes pour mieux le contrer, l’autre en imaginant qu’une autre vie est possible. Leur dialogue pudique dit beaucoup du rôle des femmes dans la société et des différents aspects qu’il peut prendre. Une jeune femme et une burrnesha d’âge mûr peuvent avoir des problématiques communes et écouter les revendications de l’autre. Le début peut-être, d’une association possible entre la tradition et le féminisme comme on l’entend aujourd’hui ?