C’est une histoire d’un autre âge, celle où les vidéos de bouffe ne devenaient pas virales et où le vin orange n’avait pas inondé les restos. Une époque où la cuisine basculait dans une ère joyeuse et exaltante. Au milieu de tout ça, Cédric Naudon, un homme d’affaires dont personne n’a jamais entendu parler avant l’ouverture du Sergent Recruteur. En moins d’un an, le restaurant où officie Antonin Bonnet obtient sa première étoile au Guide Michelin. Dans les médias, on peut lire que Naudon serait millionnaire voire milliardaire. On n’est pas au millions près. Naudon tissera sa légende sans jamais la détailler, notamment concernant l’origine de sa fortune. Peu importe : pour quelques mois, il sera l’humaniste qui va révolutionner le monde de la food avant de devenir l’escroc qu’on connait.
Le monde le découvre lors de sa première apparition publique le 23 janvier 2014, où il présente son projet fou planté en plein coeur de Paris : La Jeune Rue. Naudon dit avoir racheté 36 boutiques, toutes dédiées aux commerces de bouche et à la restauration, celles-ci on été pensées par des designers mondialement connus comme Tom Dixon, Paola Navone ou encore Jame Hayon…
Alors pourquoi revenir sur La Jeune Rue dix ans après ? Selon Paul-Henry Bizon, il fallait aussi donner la parole aux producteurs, les grands oubliés de cette histoire dont le rôle était pourtant central : « Le lien avec les éleveurs et les maraîchers était au coeur du projet. On pensait que cela leur permettrait de vivre mieux. »
Dans ce podcast narré par Paul-Henry lui-même, on entend Jacques Dereux (consultant en restauration), François-Régis Gaudry (journaliste et auteur), Alexandre Drouard (fondateur de Terroirs d’Avenir) ou encore Laurent Marbot (paysan et formateur en agroforesterie), qui tour-à-tour évoquent leur stupéfaction. Cerise sur le gâteau, les enregistrement réalisés avec Cédric Naudon au début du projet. La Jeune Rue est un podcast passionnant de 5 épisodes mêlant enquête et entretiens sur fond d’égo-trip, le tout s’engloutit d’une traite.
Photo de couverture : Cédric Naudon le 23 janvier 2014 capturé par Say Who