Quelle est la destination de ce carnet de voyage ?
L’Inde dont j’ai sillonné la côte ouest avec ma copine. J’y suis allé pour la première fois en 2013, c’était donc mon second voyage. Le projet de départ était de parcourir tous les spots de surf sur les conseils d’amis habitant près de Bombay mais les belles vagues n’étaient pas au rendez-vous à cette période. Le surf trip s’est mué en road trip de la région de Kerala dans le sud jusqu’à Bombay en passant par l’intérieur des terres dont les villes de Mysore et Hampi notamment.
Est-ce qu’il y a une ville, une région ou un paysage qui t’a particulièrement marqué ?
On est passé par des zones quasi désertiques et la ville d’Hampi. C’est un site archéologique indien chargé d’histoire avec des ruines incroyables, il y avait très peu de monde, on se sentait privilégiés.
Un souvenir à nous partager ?
On a traversé des rivières en mobylette en manquant de finir à l’eau à tout moment parce qu’on avait rafistolé le siège arrière qui n’était pas très stable. C’était une période de l’année assez chaude, on prenait des trains non climatisés en dernière classe car on était parti avec peu d’argent. Les soirs on dormait chez l’habitant, dans des chambres où il faisait bien 44°C. Même avec un ventilateur, on ne parvenait pas à faire redescendre la chaleur du coup on se mettait de l’eau sur le corps pour pouvoir s’endormir. On descendait bien 4 à 5 litres d’eau par jour…
De quelle manière es-tu arrivé à la photographie ?
J’y suis arrivé sans ambition particulière. Je prenais pas mal de clichés étant plus jeune avec mes premiers appareils, un Konica numérique extrêmement plat ainsi qu’un Kodak multi format argentique avec lesquels j’ai photographié toutes nos soirées entre potes, nos après-midis sur la plage. J’ai ouvert un blog dont j’ai eu pas mal de retours positifs à l’époque venant d’amis graphistes et directeurs artistique qui de leur oeil averti m’ont encouragé à creuser dans cette voie.
Ta préférence va pour le numérique ou l’argentique ?
J’ai chopé l’argentique de mon père plus jeune, un vieil appareil des années 80 que j’ai entièrement restauré il y a deux ans. J’aime la lenteur des prises de vues avec ces appareils, ce grain spécifique que tu ne retrouves pas sur un tirage numérique, même si parfois ça a ses désavantages. Prendre son appareil dans l’eau et en sortir pour changer la péloche n’est pas toujours très pratique. Au fil des années j’ai eu un intérêt grandissant pour le numérique. Avant de prendre la photo, j’ai une idée du résultat final que je veux puis je la retravaille un peu en post-production. Avec l’argentique il y a une part de hasard que tu ne peux pas contrôler.
Utilises-tu du matériel spécifique ?
Avec le numérique je vais parfois avoir recours à des filtres polarisants, les CPL, pour réduire la lumière à certains endroits de l’objectif. Là encore, dans le but de faciliter le travail en post-production où je vais travailler les blancs saturés et la sous-exposition.
Comment décrierais-tu ton style ?
Je me rapproche du reportage. Je capture des instants sur le vif, des personnes en mouvement. Je serais incapable de photographier un modèle prenant la pose devant un mur blanc par exemple. Cette série en Inde est très immersive, très instinctive.
Quel a été l’élément qui t’a permis d’en faire ton métier ?
À mon arrivée à Paris, j’ai eu une proposition de lookbook pour une marque puis les choses se sont enchainées. Ça a été une progression sure et lente. Aujourd’hui je suis photographe indépendant, 95 % de mon activité se fait avec des marques, le reste se partage entre la vente d’images et des reportages pour quelques magazines.
Quels sont tes projets à venir ?
Après avoir exposé une première fois à Paris en 2015, puis à Tokyo et à Nantes, je prépare un projet transversal sous le nom de Parade. C’est une série de photographies en noir et blanc de huit villes et de huit océans qui sera exposée en très grand format. On pourra également les retrouver en livre sous le même titre, le tout en novembre prochain.
www.fabien-voileau.com
Instagram : @fabien_voileau