Alunissage réussi à Salin-de-Giraud. On foule du pied les cristaux de sel constituant le sol qui scintille sous le soleil. L’atmosphère est lunaire. Alors que l’on pensait être déjà bien perchés, on se hisse au sommet d’une colline. Nous y attends une roulotte où l’on nous offre verre de rosé, pain et huile d’olive de la région.
La vue d’en haut est saisissante. Pas une construction à l’horizon. Où allons nous donc manger ? Nous sommes au sud-est du delta du Rhône où une équipe de fous furieux — car il faut en vouloir pour penser une expérience pareille — a décidé de poser ses fourneaux pour en mettre pleins les yeux et les papilles à ses convives.
Accompagnés de près par la brigade vêtue de salopettes bleues, on chemine entre les tables salantes pour rejoindre le dîner insolite qui nous attend. Près de 130 personnes sont conviées ce soir à déguster les plats de Sylvain Chabassieu. Un ancien docker, pêcheur à la fouine, qui cuisine les produits de la mer comme personne dans le coin. C’est d’ailleurs le chef Emmanuel Perrodin, présent lui aussi, qui le dit.
Une brandade de morue aussi aérienne et légère que l’atmosphère qui règne ici arrive, suivie de près par des couteaux et des palourdes escortés en grande pompe sur des plateaux portés à quatre bras. Arrosés d’un blanc du Domaine Attilon, ces derniers ne restent pas longtemps dans les assiettes. Vient alors une bourride de seiche typique de la cuisine provençale avec pommes de terres, carottes et pince de crabe, surmontée d’un aïoli dément.
Tandis que la nuit nous enveloppe progressivement, la brousse mêlée au cachat, un fromage de chèvre venant lui apporter une puissante longueur en bouche annonce le dessert. Tout en douceur, la crème de riz à la fleur d’oranger et ses fruits au rhum ont clos ce repas acclamé par tous.