Robert Mendoza, chef chez Vivant
Les tacos dorados, ou golden taco
« Quand j’avais 12 ans je vivais à La Union au Mexico. Ma maman avait un petit stand où elle vendait des tacos dorados, des sopes et des enchiladas. On allait au marché tôt le matin pour acheter les ingrédients que l’on n’avait pas dans notre potager. Je l’aidais à couper le chou, les tomates, à remplir les tacos de poulet ou de pommes de terres et les rouler. Vers 18h, on enveloppait les tacos préparés qu’on portait sur une petite charrette vers la rue principale du village. Je me souviens de combien les personnes étaient heureuses de les manger, et combien ma mère était elle-même heureuse de leur donner à manger. Nous n’avions pas grand-chose à cette époque mais c’est un de mes souvenirs les plus heureux. »
-> La recette est à retrouver par ici
-> Instagram : @rawbgold
Mélody Thomas, journaliste
Les cailles aux raisins
« Chez moi, on dit “je t’aime” en cuisinant ou en disant que c’est bon. J’ai grandi en voyant ma mère faire toutes sortes de recettes, des confitures, des rillettes maison, des plats dont j’ignore la complexité tant elle les prépare avec aisance. Je ne vis plus dans la même ville qu’elle alors chacun de mes retours est un festival culinaire composé de tout ce que j’aime manger. Mais mon plat favori, c’est les cailles aux raisins que l’on accompagne avec des pommes de terre et de la salade. La farce est incroyable, le sucré-salé est parfaitement équilibré, la viande est tendre et juteuse. Bref, quand j’en mange je me sens choyée en plus de me régaler. La farce est réalisée avec du porc et de la mie de pain que l’on fait dorer dans une grande poêle. On ajoute du bouillon avec du fond de veau et des raisins secs qu’on laisse cuire 30min maximum. On sait qu’elle est prête lorsque la sauce a épaissie. »
-> Instagram : @melody___t
Minou Sabahi, cheffe itinérante
Le riz rouge et la soupe djo
Il y a deux plats emblématiques et régressifs qui ont marqué mon enfance. Un plat rapide que ma mère préparait quand elle n’avait pas vraiment le temps car nous étions 3 filles très rapprochées en âge, on l’appelait le riz rouge. Elle faisait revenir du riz basmati dans du beurre avec un tout petit peu d’ail pour parfumer. Elle nourrissait le riz au bouillon de poule et finissait par la chair de tomate fraîchement râpée. Au final ça faisait comme un risotto crémeux à la tomate fraîche. C’était très doux et réconfortant de manger ça, on attendait la bouchée chacune notre tour. Le second plat c’est une soupe d’orge crémeuse avec du poulet effiloché, la soupé djo. Une vraie soupe de bonne maman iranienne.
-> @minou_sabahi
Émilie Laystary, journaliste
La soupe cháo gà
Quand je pense à mes plats d’enfance et à ma maman, il me vient assez vite en tête un bol de cháo gà. Ce n’est absolument pas son plat signature, elle qui est si bonne cuisinière. Et disons-le : le cháo gà n’est un met ni délicat, ni associé à des moments de convivialité comme c’est pourtant si souvent le cas avec la cuisine vietnamienne. Mais si je pense tout de même à ce plat, c’est parce qu’il est pour moi synonyme d’amour et de grande tendresse. Le cháo gà est une espèce de porridge de riz, cuit dans un bouillon de poulet, avec un oignon à faire suer et un peu de gingembre. On le sert aux personnes souffrantes, parce que c’est sûrement ce qu’il y a de plus simple à avaler quand on est affaibli.es et qu’on a besoin d’être requinqué.es. Contrairement à de nombreux plats de partage propres à la culture vietnamienne, le cháo gà se mange seul, au fond du lit ou sous un plaid. J’ai le souvenir d’y avoir eu le droit, servi dans un bol avec une petite cuillère à café, les matins d’hiver où j’étais trop fiévreuse pour sortir du lit et aller à l’école. Je crois que toutes les familles vietnamiennes ont leur cháo gà — il n’y a pas une façon unique de le préparer. Et je ne dérogerai pas au lieu commun en affirmant qu’évidemment… le meilleur cháo gà, c’est celui de ma maman.