Des vidéos sur internet, j’en ai vu des milliers. Souvent aussitôt oubliées, peu me laissent un souvenir impérissable, sauf celles qui mettent en avant les amitiés entre les chiens et d’autres espèces. J’en avais trouvé une axée sur une bromance chien-hibou… Punaise, je m’en suis jamais remise. CE N’EST PAS L’OBJET DE CE PAPIER.
Il y en a néanmoins une qui m’a traumatisée, une fois où YouTube était en roue libre et que je me suis retrouvée au bout de quelques heures sur des vidéos complotistes (l’angoisse, plus jamais ça). C’était un court extrait d’une fille paniquée sur le plateau télévisé de Maury, un animateur américain, pas vraiment célèbre pour sa finesse : il organise des tests ADN pour que des mères puissent prouver ou réfuter la paternité de leur bébé et que les pères soient contraints de payer la pension alimentaire. Mais il ne fait pas que ça.
Une jeune femme, terrorisée, confiait à l’antenne une de ses peurs les plus violentes : celle qu’elle avait en présence de cornichons. Pour qu’il se passe quelque chose dans son émission, Maury en a rapporté sur le plateau et la victime des cornichons est partie se réfugier dans le public, prise d’une véritable crise de panique.
Une révélation m’est apparue ce soir-là.
Le désespoir le plus immense pouvait tenir dans un cornichon.
Et comme mon cerveau brillant aime faire des rapprochements (vous saviez vous que Larusso c’était la cousine d’Arthur, le présentateur ? BIM, RAPPROCHEMENT), je me suis rappelée de ces chaînes YouTube de propriétaires félins pas sympas qui posaient inopinément des concombres près de leurs chats. Ces derniers, souvent pepax au soleil, prenaient immédiatement la fuite, traumatisés par ce long boudin vert et inerte.
Ces vidéos réunissent encore aujourd’hui des millions de vues, et personne ne sait trop expliquer la crainte de ces mignonnes petites boules de poils. Le célèbre journal anglais The Telegraph avait demandé à un comportementaliste animalier, le Docteur Mugford, d’émettre une hypothèse. Il avait conclu que cela tenait sûrement à la peur de l’inconnu, qui prenait ici la forme d’un serpent dans leurs cerveaux malades de félidés.
Cette peur des cornichons et des concombres a un nom et c’est la cucurbitophobie. Personne ne l’explique véritablement, mais le nom reste rigolo, principalement pour le rapprochement entre cucul et b… Bref vous l’aurez.
Tout d’abord, pourquoi le cornichon et le concombre sont ainsi réunis ? À l’origine, le concombre n’est qu’un cornichon arrivé à maturité. Aujourd’hui, ils sont bien séparés, et de nombreuses variétés existent pour le concombre, comme pour son petit frère vinaigré. Et même si le mot “cornichon” me fait autant rire que cucurbitophobie (non, je n’ai pas dépassé ce stade), je me dis que finalement, on n’est jamais bien armé face à ce genre de légume gourdinesque, dont certains spécimens peuvent atteindre la taille d’un bel avant-bras.
Une question se pose alors : comment réagir face à un concombre ?
Plusieurs solutions sont aujourd’hui envisageables en fonction de son comportement.
Quand on est un beauf : faire un sourire en coin, renifler un bon coup, remonter sa ceinture et demander au légume s’il est content de nous voir.
Quand on est une personne de genre ou de sexe féminin : fuir le légume, tout comme les bananes, les glaces ou tout objet phallique, ça attire les beaufs (voir ci-dessus) comme les produits de blanchiments de dents attirent les influenceurs.
Quand on est une Youtubeuse beauté : et bien on les coupe en fines petites rondelles et on les fout sur les yeux, c’est parfait, ça décongestionne, on gagne 10 ans et je ne sais pas pourquoi en vrai toutes les petites meufs le font dans les pubs pour les rasoirs.
Quand on est un.e barista dans un coffee shop de hipstos : on les met dans une carafe, franchement ça fait un effet de ouf, et ça lutte contre le cancer, l’ostéoporose et les risques cardiaques. Et ça hydrate aussi, si tu y ajoutes une tranche de citron ça défonce.
Quand on est trypophobe (peur des trous) : je crois que vous avez trouvé l’âme soeur, non ?