Coup de projecteur sur Les Frères Laumière
Comment votre collectif est né ?
Nous avons tous commencé à concocter des plats depuis chez nous pour des associations mais le manque de place était contraignant pour une production en grande quantité. On a donc cherché un labo dans le 19e à proximité de nos domiciles, d’où notre nom, Les Frères Laumière. Le projet s’inscrit dans une démarche locale faisant appel à l’entraide dans le quartier auprès des commerces de proximité, des restaurateurs ou encore des producteurs.
Comment constituez-vous vos stocks alimentaires ?
Les produits que l’on transforme proviennent des dons de divers acteurs de la gastronomie allant de l’épicerie fine Profil Grec à la Boucherie de Meaux jusqu’aux grossistes comme Dipsa. Il y a des produits en DLC courtes qui sont cuisinés dans la foulée, et beaucoup de produits frais grâce aux dons financiers nous permettant de passer commande et d’agrandir nos stocks de contenants par exemple. Tout est renouvelé quotidiennement avant de passer en cuisine et d’attaquer la transformation.
Votre brigade en cuisine est composée de combien de personnes ?
Nous sommes généralement trois pour 200 couverts. La livraison est gérée par deux personnes, en scooter et en camion. On envoie les plats dans tout Paris pour les hôpitaux et pas mal d’associations œuvrant dans le social comme Solidarité Migrants Wilson et Autremonde. Pour les personnes précaires on adapte les quantités, on complète les repas avec des entrées et des desserts qu’on nous envoie comme des yaourts ou des cakes de chez Gramme.
Comment élaborez-vous les recettes ?
Elles sont pensées en fonction des arrivages et des besoins des associations. On essaye de varier les plats au maximum pour qu’ils soient aussi réconfortants et savoureux qu’au restaurant. Ce ne sont pas des raviolis en conserves, mais des choses que je pourrais aussi bien cuisiner pour moi que pour un diner entre potes.
Peux-tu nous lister quelques plats ?
Récemment Pierre Robine nous a fait un don d’ail des ours qu’on a transformé pesto, nous avons préparé un bœuf bourguignon qui a mijoté pendant 8 heures, une purée de panais accompagnée de pulled beef, du chou-fleur rôti arrosé d’une sauce thaï, ou encore un mafé et un couscous pour 150 personnes… C’est challengeant d’adapter ses idées au quotidien, ça permet aussi d’affiner ses recettes personnelles.
Comment vous organisez-vous par rapport aux exigences sanitaires actuelles ?
On est masqués, gantés, tout est désinfecté à plusieurs reprises pour des conditions sanitaires optimales. Beaucoup souhaitent aider en préparant des repas depuis chez eux, mais cela demande une logistique importante à ne pas négliger.
Pourquoi avoir décidé de vous lancer dans ce projet associatif ?
En tant que journalistes, producteurs, attachés de presse et restaurateurs, on bénéficie d’un réseaux d’acteurs importants dans le milieu de la gastronomie et d’une visibilité médiatique que l’on met au service du collectif avec nos moyens. Notre force repose grandement sur l’entraide. Aujourd’hui on tourne à quarante personnes environ, fournisseurs, livreurs et bénévoles compris. À terme, on souhaite que nos actions puissent s’ancrer dans la durée. Pendant, et hors période de crise on a un rôle important à jouer.
Quelles sont les démarches à suivre pour faire des dons financiers, alimentaires ou matériels aux Frères Laumière ?
Il suffit de passer par Marie Celestin, de lui envoyer un message sur son compte Instagram ou à moi directement. Idem pour les restaurants, producteurs et commerces de bouches souhaitant nous aider.