Cuisiner nu.e comme Charlie Max

(Re)penser les plaisirs de la bonne chère en se mettant à nu : telle est la philosophie de Charlie Max, une Californienne qui prône l’acceptation de soi grâce à la nudité en cuisine.

Sur son compte Instagram, où elle est suivie par près de 85 000 personnes, Charlie Max apparaît tantôt aux côtés d’une pastèque, tantôt avec une salade colorée ou un curry de patate douce violette à la main. Si elle se met en scène dans diverses situations, tous les clichés de cette jeune femme de 27 ans à la longue chevelure châtain et au teint porcelaine ont un point commun : celui de la montrer nue… ou presque, puisque la censure exercée par Ie réseau social la contraint à flouter certaines parties de son corps dévêtu. Installée à Los Angeles, cette Californienne aux dents du bonheur se décrit en effet comme quelqu’un ayant à cœur de « connecter les gens à leur être le plus pur », un vaste projet qui passe notamment par le fait de cuisiner et manger dans le plus simple appareil. Une démarche que Charlie qualifie de « libératrice et fun. » 

Mise à nu culinaire 

Alors que son parcours vers l’amour de soi a commencé il y a cinq ans, c’est pour accompagner les autres dans cette démarche qu’elle a lancé durant la pandémie « Fude », contraction de « Food » et « Nude ». Elle présente ce compte Instagram comme « un espace libérateur pour célébrer notre moi le plus pur à travers la cuisine plant-based, l’art, la nudité et l’amour de soi », les posts étant une invitation à respirer, à méditer et à nourrir son corps avec de bons aliments. Élevée par des parents végétariens, dans l’empathie envers les animaux, Charlie s’est ensuite tournée vers une alimentation exclusivement à base de plantes. « Je me suis rendue compte des conséquences horribles de l’industrie animale sur notre environnement et notre santé », explique-t-elle.  « La solution la plus simple pour réduire notre empreinte carbone, c’est d’adopter un régime à base de plantes, qui permettrait de diminuer les émissions de gaz à effets de serre causées par l’industrie alimentaire », souligne-t-elle. Une alimentation plus vertueuse pour l’environnement… et pour nos corps, à l’en croire : « Depuis que j’ai adopté un régime à base de plantes, j’ai plus d’énergie… En échange de ce que je lui donne, mon corps est présent pour moi quand j’en ai le plus besoin. » D’ailleurs, Charlie ne parle pas de son « corps » mais de son « vaisseau ».  

Son objectif affiché, à travers Fude, est d’engendrer la même prise de conscience sur nos modes de consommation chez ses abonnés, afin qu’ils vivent de manière plus « saine » et « responsable ». Sensible aux problématiques alimentaires, elle a notamment mis en place un système de solidarité : à chaque recette de Fude partagée sur les réseaux sociaux, elle fait un don à l’association « No Kid Hungry », contre la malnutrition des enfants aux Etats-Unis, ainsi qu’à « Appetite for change », une association de Minneapolis qui sensibilise les communautés locales au bien-manger. Pour elle, se nourrir n’est pas qu’une tâche à cocher trois fois par jour sur sa to-do list, mais bel et bien un outil qui permet de « créer des expériences pour aider les autres à se sentir sûrs d’eux et en sécurité ». 

« Une expérience quasi-spirituelle »

Comme manger est une activité plus sympathique à vivre à plusieurs que seule, Charlie organise des dîners nus, où femmes et hommes de tous les âges se retrouvent en tenue d’Adam et Eve pour cuisiner et s’attabler autour de nourriture « à hautes vibrations ». « On ne fait pas que cuisiner nus, on célèbre notre capacité à être libres dans les vaisseaux uniques que sont nos corps. Pour celles et ceux qui ne sont pas habitués, il s’agit d’une expérience quasi-spirituelle, car l’on peut énormément apprendre en sortant ainsi de sa zone de confort. La plupart des gens arrivent un peu intimidés, mais ils repartent en se sentant complètement libérés », raconte l’hôte de ces soirées d’un nouveau genre. « Je souhaite à chacun de vivre cette expérience dans laquelle on trouve du réconfort, du soutien et de l’acceptation auprès de ses amis », affirme-t-elle. A son échelle, ces rendez-vous lui ont permis de « gagner en confiance », que ce soit sur son apparence physique, dans sa carrière ou encore dans ses relations avec autrui. « La beauté se cache véritablement dans l’amour de soi, et on devrait tous célébrer chaque jour chaque partie de notre corps », avance-t-elle. 

Déjouer la censure

Si pour elle, la nourriture peut être sensuelle, notamment grâce à des plantes aphrodisiaques, par exemple, elle exclut absolument toute forme de sexualisation liée à la pratique de la nudité. À ce titre, elle s’insurge de la censure des corps sur les réseaux sociaux, et a d’ailleurs créé un compte sur la plateforme Onlyfans, pour partager ses contenus sans floutage ni dissimulation, moyennant un abonnement de quelques dollars par mois. « La plupart des gens qui me suivent là-bas sont eux aussi passionnés par le mouvement ‘body positive’, et souhaitent soutenir mon art », décrit-elle. « Nos corps sont la partie la plus pure et naturelle de nos êtres, et la censure a pour but de nous faire ressentir de la honte vis-à-vis de nos corps nus. Je souhaite créer un monde dans lequel la honte serait remplacée par l’amour de soi et la compassion », conclut-elle. Une mission qu’elle compte poursuivre en développant notamment des jardins communautaires dans des zones aux Etats-Unis où la population n’a pas accès à des produits sains, bios et abordables, ou en se rapprochant de fermes-restaurants. 

Journaliste
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Delphine Le Feuvre

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