Oui, on sait. Il y a deux écoles. Ceux qui ne jurent que par l’encas en question et ceux qui détestent les premiers pour manger devant la toile en produisant des sons incommodants. Cela établi, il faut comprendre que le pop-corn est apparu dans les cinémas assez tardivement et probablement pas pour les raisons auxquelles vous pensez.
Le pop-corn se popularise à la fin du XIXème siècle lorsqu’un certain Charles Cretors invente un charriot à friandises. (En réalité, le maïs soufflé se consomme depuis 5000 ans, inventé par les Aztèques dans une forme assez similaire à celle consommée aujourd’hui). Mais revenons au confiseur américain qui propose des cacahuètes grillées, du café et le fameux pop corn à emporter, ce dernier explosant sous l’œil ébahi des passants devant le spectacle donné par la vitre du charriot. Le succès est immédiat pour cette vente ambulante de snacks. En somme, ce Charles est un précurseur dans la street-food. En 1893, il présente sa machine à l’Exposition Universelle de Chicago. Le chariot attire l’attention d’un homme d’affaires américain qui rachète le brevet et le commercialise à grande échelle. Bientôt on en voit dans les cirques, les fêtes foraines et les événements sportifs. Partout, sauf dans les cinémas. Étonnant ? Pas tant que cela quand on sait que le popcorn était alors considéré comme un encas très populaire et les cinémas essentiellement fréquentés par la haute société. Hors de question de grignoter devant les films et encore moins une denrée modeste considérée comme peu raffinée.
Mais en 1929, la Grande Dépression passe par là et les salles obscures sont désertées avant un regain de fréquentation en 39, quand il s’agit de se distraire et d’oublier les affres de la Seconde Guerre mondiale. Conflit qui apporte aussi son lot de rationnement alimentaire, notamment de sucre. La maïs soufflé devient alors une alternative intéressante à exploiter et les charriots à popcorn investissent progressivement les halls d’entrée des cinémas. Jusqu’à devenir un business très lucratif de nos jours.
Aux États-Unis, le succès du pop-corn est tel qu’il rapporte aujourd’hui jusqu’à 85% des bénéfices des cinémas selon un rapport du New York Times. En France, les chiffres sont moins impressionnants : la vente de confiserie représente en moyenne 15% du chiffre d’affaires du grand écran mais cet apport a tout de même permis à plusieurs entreprises cinématographiques de sortir la tête de l’eau lors des crises successives qu’elles ont subies. La dernière en date, le covid bien entendu. Et pourtant il y a de quoi se réjouir : ce printemps, le cinéma français enregistre plus d’entrées qu’avant la pandémie. Une nouvelle réconfortante qui assure un avenir prometteur aux boites rayées des cinés !